Au Myanmar, l’UNICEF soutient les efforts du Ministère de la santé et des sports (MoHS) visant à améliorer l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement grâce à une collecte, un partage et une utilisation renforcés des données à tous les niveaux. La présente étude de cas souligne les principales mesures qu’un pays peut prendre pour décider si un système électronique d’information de gestion logistique serait un investissement rentable à court et long terme, et précise en quoi les besoins spécifiques du plan élargi de vaccination (PEV) sont cruciaux pour choisir une application logicielle en vue de gérer électroniquement la chaîne d’approvisionnement.

Cependant, le système d’information de gestion logistique (SIGL) du PEV au Myanmar est entièrement manuel, à l’exception d’un tableur Excel consacré au suivi des stocks de l’entrepôt central. Bien que le système soit soigneusement entretenu à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement et fasse l’objet d’un compte rendu papier précis et opportun, la préparation et la soumission des informations peuvent prendre plusieurs jours, voire plus longtemps. Ce délai nuit à la capacité du PEV central à traiter en temps voulu les problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement ou à identifier avec précision les problèmes de performance.

Il est difficile de suivre les mouvements des stocks entre les niveaux de la chaîne d’approvisionnement et laborieux de connaître l’état des stocks à un moment donné à tout niveau de la chaîne d’approvisionnement. Par ailleurs, il n’y a ni surveillance en temps réel de la température des stocks de vaccins, ni système d’alerte automatique en cas de variations de température.

L’adoption d’un SIGL électronique (e-SIGL) pour le PEV a été mise à l’étude lors de l’élaboration d’une proposition de renforcement du secteur de la santé soumise à l’Alliance GAVI en 2016. Les principales recommandations de l’évaluation conjointe de GAVI pour 2014 et de l’évaluation de la Gestion efficace des vaccins (GEV) de juin 2015 étaient axées sur les moyens de passer de l’actuel système manuel de gestion des données à une approche électronique. Les applications e-SIGL ne sont pas une nouveauté au MoHS. Diverses initiatives visant à mettre en place des SIGL électroniques et/ou hybrides (électronique et papier) ont été mises à l’essai ces dernières années grâce à l’appui de donateurs externes, comme présenté à l’annexe 2.

Pourtant, certaines de ces approches pilotes ne sont pas déployées à grande échelle, et d’autres ne sont pas financées de façon continue. La mise à l’essai d’un si grand nombre d’approches e-SIGL différentes dans le secteur de la santé constitue une difficulté considérable pour le MoHS, dont le service de la planification est responsable de la gestion globale des solutions informatiques. En parallèle, une gouvernance informatique efficace fait défaut, aucune politique, ligne directrice ou procédure n’étant encore en place concernant le recours à de telles interventions informatiques. Il n’existe pas non plus de plan complet définissant les objectifs globaux du recours à l’informatique dans le secteur de la santé et la façon dont les différentes approches devraient concourir à soutenir la prestation de services de santé dans le pays.

L’UNICEF a commencé à soutenir le PEV central afin d’améliorer l’utilisation des données dans la chaîne d’approvisionnement en vaccins en 2015. En vue de la standardisation et de la rationalisation du flux de données, qui est l’étape suivante, l’UNICEF soutient également le MoHS dans la sélection et la mise en œuvre d’une approche e-SIGL appropriée.

Pour résoudre les difficultés spécifiques auxquelles le programme est confronté, le PEV central a travaillé avec l’UNICEF sur un processus en plusieurs étapes pour déterminer les prérequis, le paysage existant, les objectifs et les fonctions en vue de mettre en œuvre un système e-SIGL. Tout au long du processus, l’UNICEF a souligné que la transition vers une solution e-SIGL nécessitait une planification rigoureuse à long terme pour s’assurer que l’introduction d’un système e-SIGL permette des gains d’efficacité à plus long terme.

Une des premières étapes clés avant de se lancer dans la mise en place d’un système e-SIGL consiste à s’assurer qu’il existe déjà des données à saisir dans un système électronique à chaque niveau de la chaîne d’approvisionnement. Il importe que le SIGL papier existant fonctionne bien et que l’utilisation des données soit encouragée à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement.

L’UNICEF et le PEV central ont œuvré pendant presque un an, à compter de la mi-2016, à la standardisation et à la simplification des formulaires de données et des processus d’utilisation des données, ainsi qu’à l’identification d’indicateurs clés de performance (ICP). Il s’agissait là des principaux prérequis à remplir avant que le Myanmar puisse envisager la mise en place d’un système e-SIGL.

D’autres prérequis clés sont notamment : 

• Des structures de gouvernance de l’information/des données au sein du Ministère de la santé et/ou du PEV.
• L’identification d’un partenaire technique pour soutenir la sélection et la mise en place d’un système e-SIGL.
• L’obtention d’un financement initial suffisant, incluant les frais de formation du personnel. Par ailleurs, le gouvernement doit s’engager à mettre son propre budget à disposition pour payer les frais annuels récurrents liés au fonctionnement du système e-SIGL.
• Un plan réaliste, au moins quinquennal, de mise en œuvre progressive du système e-SIGL.

Un consultant de l’UNICEF, soutenu par un coordonnateur au sein du PEV central, a réalisé une évaluation du SIGL du PEV et a cartographié les approches e-SIGL en cours d’essai dans le secteur de la santé afin d’identifier ce qui a déjà été fait et ce qui pourrait être étendu et intégré au sein d’un e-SIGL plus large.

Au cours de discussions qui se sont tenues avec l’UNICEF sur une période de six mois, le PEV central a défini un certain nombre des objectifs principaux d’un système e-SIGL :

• Améliorer la collecte opportune de données en réduisant la charge administrative des tâches laborieuses pesant sur les agents de santé.
• Améliorer la visualisation des données grâce à des tableaux de bord en vue de meilleures prévisions et d’une meilleure gestion des déchets.
• Améliorer la corrélation entre la couverture du programme de vaccination et la performance de la chaîne d’approvisionnement en vaccins.
• Fournir au PEV central un aperçu des stocks de vaccins disponibles dans le pays, suivre les temps d’indisponibilité de l’inventaire de l’équipement de la chaîne du froid, et surveiller la température du stock de vaccins.

L’identification de ces objectifs principaux du système e-SIGL a contribué à préciser les besoins du système :

• Un système centralisé, en ligne, accessible depuis le PEV central, la chambre froide centrale, les sous-dépôts et les communes.
• Un système également disponible hors ligne.
• L’intégration éventuelle à une autre approche e-SIGL de collecte et de transmission électroniques des données au sein de la communauté, telle que l’application Commcare, déjà utilisée par les sages-femmes.
• L’apport d’une assistance continue aux utilisateurs du système e-SIGL et d’une assistance technique pour l’entretien du matériel et du logiciel.

Il est ressorti des discussions sur les objectifs tenus avec des parties prenantes clés qu’aucun des systèmes e-SIGL existants ne pourrait être adapté aux vaccins, en raison des besoins spécifiques du PEV. Les systèmes existants n’incluent pas la fonction de suivi en temps réel de l’inventaire de l’équipement de la chaîne du froid, notamment les alertes lorsque cet équipement ne fonctionne pas et la surveillance en temps réel de la température du stock de vaccins.

Bien que le Myanmar n’ait pas encore établi un système e-SIGL opérationnel pour le PEV, un certain nombre d’enseignements ont déjà été tirés :